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Brasser l'air... par des mots

La période de la rentrée est souvent un moment de course ! Il faut cavaler, acheter toutes les fournitures pour la rentrée scolaire, fixer des rendez-vous médicaux, s’inscrire aux différentes activités périscolaires et de loisirs, participer aux réunions associatives, faire son planning pour l’année, organiser, et encore organiser.

Fini de se reposer calmement au soleil ou de marcher silencieusement dans les grands espaces de la nature, la course du quotidien a repris ! Si nous pouvions voir les masses d’air qui sont mises en mouvement, déplacées, étirées, repoussées,… cela aurait de quoi nous donner le tournis ! Ça brasse !!

 

Mais l’air n’est pas seulement mis en mouvement par nos actes. Il l’est aussi par nos paroles !

Nous sculptons véritablement l’air (dans l’invisible), en prononçant nos mots. On pourrait presque parler d’un processus magique, car nos pensées se frayent un chemin par la vibration de nos cordes vocales, pour s’extérioriser dans la trame de l’air par des mots, en lui donnant une vibration bien particulière. Cette vibration va se propager dans cette masse d’air. L’air est donc aussi mis en mouvement par toutes les paroles que nous exhalons !

Et là, ce n’est pas le tournis mais presque le malaise qui peut se profiler !! Tous ces tourbillons d’air, qui semblent parfois se monter en tornades, qui peuvent se faufiler dans nos régions intérieures, et qui ont le pouvoir de dévaster à peu près tout sur leur passage.

 

Si nous pouvions voir l’air que nous brassons par les mots que nous évoquons, tout au long de la journée, il serait fort probable que nous réfléchirions à trois fois avant de les énoncer.

 

Mais comment de simples mots peuvent-ils devenir des tornades ? Nos paroles qui sont des pensées exprimées, que l’on croit souvent anodines s’ajoutent à d’autres paroles émises, se renforcent et deviennent de véritables courants puissants en mouvement.

Tous ces mots véhiculent une charge, souvent émotionnelle, de celui qui les a prononcés.

Des paroles lancées dans un état de colère - ou de joie - se « colorent » de cette intensité et se déversent dans les airs, rencontrant d’autres mots chargés de la même cargaison, se rassemblent, s’intensifient et s’accélèrent ensemble.

 

Prenons un exemple. Nous avons vraisemblablement déjà vu un match de sport, où les supporters se défient les uns les autres. Cela commence par de simples mots, des chansons, des paroles d’encouragement pour les siens et de découragement pour les autres. Plus la charge est lourde, plus les mots véhiculant leur charge sont puissants, et le stade peut en devenir électrique. Jusqu’à ce qu’une étincelle fasse prendre un feu dévorant, ce qui peut changer les plus discrets en des animaux sauvages, pris par une rafale sans merci.   

Nous percevons bien l’effet d’une tornade dans cet exemple, n’est pas ?

 

Le même principe, peut-être plus subtil se retrouve quand les chaines d’infos relayant toutes la même info, chargée de vibrations alarmantes, sensationnelles et/ou catastrophique, etc. et à la longue la charge finit par remplir nos espaces de pensées et de ressentis, et nous nous mettons à croire que le monde n’est fait que de cela. Le tourbillon nous a pris. Et il détruit subtilement les semences d’espoir et de bonnes nouvelles dans ce monde. Nous nous mettons à penser le monde à leur manière, et à en parler de cette même façon. Ainsi va la charge - en se gonflant au fur et à mesure - et en remplissant tout l’espace.

 

Heureusement, les mots peuvent et doivent à terme exprimer nos pensées les plus nobles, chargées de nos sensations des plus fraternelles, pour qu’ils puissent non seulement brasser l’air, et faire gonfler une tornade, mais pour que nous exhalions et sculptions des mots dignes de notre humanité lucide, consciente qu’elle participe à une œuvre planétaire, et décidée à exercer le pouvoir des mots dans un sens créateur et non destructeur.     

Au lieu de brasser l’air, nous nous efforcerons de sculpter l’air par des mots évoquant une incroyable beauté. Un éclat qui évoquera notre profonde reconnaissance et notre humble participation à une œuvre globale.

 

Pour commencer dès maintenant, nous pouvons déjà distinguer quand il nous arrive de brasser l’air n’importe comment, de calmer un peu le ventilateur de nos petites pensées, et d’invoquer le silence.

Ce n’est que dans le silence que nous pouvons créer un espace disponible, pour écouter la Présence de l’essentiel, avant de penser et de parler.

 

Ainsi nous pouvons passer du brassage incontrôlé à la sculpture gracieuse de l’air.

 

                                                                                                                Texte inspiré d'un travail de groupe - écrit par MMK

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