Point de bascule !
L’opportunité de l’énergie scorpion
Jamais autant qu'en ce mois de novembre 2016, nous n'avons pris conscience du tournant qui s'opère dans l'humanité. Il s'agit d'un "turning point", un point de réorientation.
Partout, tout le temps, nous en lisons les signes et les manifestations. Les événements sur la planète semblent nous échapper. Il y a une sorte de panique généralisée, comme une déconstruction du monde auquel nous étions habitués: plus aucune prévision ne tient dans l'histoire du monde telle qu'elle se déroule sur nos écrans, les analyses des experts de toute nature s'entrechoquent sans pour autant répondre à nos "Pourquoi ?"
Pourquoi l'avènement d'un homme aussi imprévisible à la tête d'une grande puissance ?
Pourquoi des massacres aussi terribles en Syrie? Pourquoi une telle dictature que rien ne semble pouvoir arrêter?
Pourquoi des attentats aussi sauvages, une violence aveugle, une soif de destruction ?
Sur d'autres questions, on comprend un peu mieux ce qui se passe, par exemple à propos du réchauffement climatique. On en a compris le processus, les causes et les conséquences. Mais c'est alors que notre question devient : comment?
Comment est-ce possible qu'avec toutes ces informations, avec le film se déroulant devant nos yeux, nous soyons incapables de prendre les décisions nécessaires?
Bien sûr on peut toujours dire : les politiques sont nuls, les financiers sont des requins, c'est la faute de la gauche... Ah! pardon ! C'est plutôt la faute de la droite et du libéralisme acharné!
L'accusation d'autrui, quel qu'il soit, produit souvent un soulagement, celui-ci n'est que temporaire, et surtout il ne règle rien. Alors, pour continuer il faut souvent trouver encore et encore d'autres boucs émissaires. C'est un processus que nous avons souvent vu se réaliser dans l'histoire de l'humanité. Cela justifie tous les pogroms et toutes les chasses aux sorcières. Cette proposition de solution que l'on voit se mettre en place, un peu partout, la désignation de boucs émissaires et le repli sur "les siens", constitue le danger le plus grave qui se présente à l'humanité aujourd'hui.
Devant cette sensation de danger global, devant cette mondialisation perçue comme menaçante, on commence, paradoxalement, à se penser comme une humanité une. On perçoit que nous sommes engagés ensemble dans une histoire dont personne ne peut se soustraire, sinon momentanément.
On comprend - confusément pour certains, clairement pour d'autres - qu'il n'y a plus d'échappatoire personnelle possible. Se refermer sur son pré carré va devenir rapidement aussi impossible que construire un mur devant un tsunami.
On l'élèvera peut-être, mais il sera balayé à peine aurons-nous fini sa construction. Ne parle-t-on pas de "vagues de migrants" ? Cela ne ressemblerait pas à un tsunami impossible à maîtriser?
Cette perception d'une solidarité de fait vient s'inscrire dans nos consciences sur les ailes de l'inquiétude, de l'angoisse, de la perte de repères.
Peut-être peut-on lire cela comme une déconstruction : ce que nous avons édifié semble se casser la figure. Était-ce pour autant inutile, mauvais, mal fait? Certainement pas. Dans les deux derniers siècles le déploiement du mental a permis aux hommes de sortir de la conscience de masse, d'accéder à l'individualité avec des soubresauts, des retours en arrière, des avancées enthousiasmantes. L'industrialisation, au XIX° siècle, a permis de sortir d'une économie de survie pour aller vers une économie où les biens deviennent progressivement accessibles à tous, où on peut s'imaginer que tout est possible, que le progrès sera continu. C'est ainsi que produire et consommer sont devenus "le but" dans de nombreuses sociétés. Le moyen d'évolution est devenu le but.
Impossible d'arrêter cette course folle au toujours plus, à la concentration des biens nécessaires à tous dans les mains de quelques-uns. Les voix qui se sont élevées pour alerter les consciences n'ont pas été vraiment entendues, ou plutôt pas suivies.
Mais voici que se présente une mutation profonde dans nos modes de vie : toute la révolution numérique qui avance à grands pas et que nous connaissons tous sans en mesurer toutefois la portée. Il s'agit non seulement d'internet, mais aussi de la géolocalisation, la robotisation, l'automatisation intelligente, en fait toutes les technosciences. Ces nouvelles possibilités font émerger de nouveaux comportements qu'ils soient économiques (le rapport au travail) qu'ils soient sociaux (tous les réseaux où l'information est relayée par tous) ou qu'ils soient environnementaux. Cela affecte profondément notre rapport au monde, aux autres, à la façon de produire : cette révolution inaugure un mode de production interactif.
Cette société - dite post industrielle - est l'émanation d'un courant puissant qui parle, par son avènement même, de l'évolution des consciences, de la Conscience Globale de l'Humanité comme un Tout.
Parler de l'économie du partage, la voir à l’œuvre dans les générations qui montent (les millennials) c'est déjà apercevoir les pousses qui sont l'émanation d'une autre conscience, celle d'une humanité qui se sait fraternelle et qui crée de partout les outils pour que cette fraternité existe.
C'est aussi regarder d'un œil neuf la déconstruction en cours. Comme Hercule dans son 8ème travail comprend qu'il est contre-productif de combattre l'Hydre du marais de Lerne, qu'il y perd ses forces et renforce le monstre, ainsi nous oserons voir que l'Hydre se débat à la mesure où elle se sent menacée. Menacée par la Lumière qui émane de toutes ces nouvelles consciences qui refusent le monde qui leur est proposé, qui tentent d'inventer une nouvelle société où la vision s'élargit, où le savoir se partage, où les décisions se prennent le plus possible en commun. En cherchant à alimenter cette vision, nous permettrons aux forces vives de se déployer et aux idées nouvelles de prendre racine, puis de se répandre.
Alors nos "Pourquoi ?" cesseront de nous obséder, de nous aveugler au point de ne pouvoir nous réjouir de l'Humanité qui vient, et d'accompagner consciemment, délibérément, cette réorientation qui s'amorce.
G.M. - nov 2016
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